Courants théologiques entre dogme et doctrine

Toute communauté humaine connaît toujours à un moment donné des tensions dues à des visions divergentes. Le propre de l’homme semblerait se situer dans sa capacité à contredire son semblable. Il veut se démarquer des autres en s’appuyant sur des vérités qu’il aurait trouvées par ses efforts. L’ Église catholique n’échappe pas à cette règle. Son histoire est jonchée de plusieurs points chauds où elle devait se battre contre ce qu’elle appelle des hérésies. Le Jansénisme a fait partie de ces doctrines jugées hérétiques et les jésuites en furent les premiers adversaires. Découvrez les raisons palpitantes qui ont généré ces oppositions.

Les Jésuites, le fer de lance de l’Église catholique

Les Jésuites, appelés encore compagnie de Jésus, sont un ordre religieux catholique. Cette congrégation a été fondée au XVIe siècle pour un objectif bien précis : combattre le protestantisme. Le XVIe siècle était un siècle religieusement et politiquement mouvementé. En 1520, le luthéranisme est né. En 1537, Jean Calvin s’écarte de Luther et fonde le calvinisme en donnant l’accent sur l’idée de prédestination divine. Ces doctrines protestantes condamnaient le dogme situé dans la messe, ainsi que la part de l’homme dans le salut. Et elles provenaient de plusieurs courants idéologiques et intellectuels comme l’humanisme d’Erasme par exemple.

Les jésuites ont été créés pour réussir la contre-réforme. Leur raison d’être consiste à repousser l’avancée du protestantisme. Pour faire affront à des adversaires usant de raisons intellectuelles, les jésuites devaient eux aussi être des savants. Ainsi, en formant des prêtres avec un fort bagage universitaire, la congrégation parvient à fonder des écoles, lycées et universités. Ils essaient ainsi de former la jeunesse en liant science et foi, un point fort contre le protestantisme. Cela servira aussi de base dans l’opposition entre les courants théologiques janséniste et jésuite.

Le jansénisme, un adversaire naturel des jésuites

Le jansénisme a été créé par Ypres Cornelius Jansen. Cet évêque et théologien flamand est convaincu de l’idée de prédestination divine. Il pensait comme les calvinistes, que le salut est déjà réservé pour des élus dès leur naissance. Ainsi, le salut est absolument indépendant des mérites que l’homme pourrait obtenir par ses bonnes œuvres.

Il vient alors que la vision jansénite s’oppose totalement à la doctrine de l’ Église catholique qui enseigne le mérite. Le salut est mérité par tous ceux qui s’efforcent de faire des bonnes œuvres et qui sont fidèles à la foi.

Le fer de lance de l’Église que sont les jésuites intervient alors rapidement en combattant les jansénistes. Dès 1642, des propositions jansénites ont été condamnées par le Pape Urbain VIII. Cette doctrine janséniste n’a pas plus aux rois français, dont Louis XIV. Cela est dû au fait, qu’elle créait des hommes désespérés, alors que le roi était animé d’ambitions gigantesques. Ainsi, après la condamnation de la doctrine jansénite par le pape Clément XI, Louis XIV pourchasse les adeptes depuis 1709.

Jésuite et Janséniste, opposition entre gallicanisme et ultramontanisme

Un point important opposant les jésuites et jansénistes se trouve dans la querelle sur l’autorité pontificale. Les jansénistes défendaient la liberté théologique et spirituelle de l’ Église de France. Ainsi, celle-ci pouvait avoir sa propre organisation indépendamment du Pape. Ce courant s’appelle gallicanisme.

Or, les jésuites se font des vœux de fidélité absolue au Pape et croient que celui-ci a le pouvoir sur toute l’Église. Ce courant s’appelle ultramontanisme. Il est donc insoutenable pour le jésuite de laisser proliférer des idées gallicanes. Ainsi, les luttes entre jansénistes et jésuites sont alimentées par cette querelle.

Ces affronts concernent également le domaine politique. En France, les jésuites s’accordent avec les rois, alors que les jansénistes sont des alliés des parlements. Ainsi, le pouvoir politique se déchire dans les années 1750. Et en 1762, les jansénistes parviennent à expulser les jésuites hors de France.